Exposition de photos prises lors d'un reportage au centre d'hébergement d'urgence Pausa, à voir au Didam jusqu'au 23 mars © Mathieu Prat 

Culture

Guillaume Fauveau expose au Didam

Jusqu'au 23 mars, le Didam accueille l'exposition "Guillaume Fauveau, fragments de réalité, errealitateari so". Elle contient 75 photos issues de ses commandes presse, ainsi que de son travail personnel.

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La salle centrale du Didam est fondamentale. Elle révèle la sensibilité du photographe pour les questions de société, la question de l'immigration en particulier. Fin 2018, à Bayonne, était créé le Centre d'accueil pour réfugiés dans un local appartenant à la mairie, centre qui a vite pris le nom de Pausa. Les migrants n'y restent que trois jours en effet, le temps de se nourrir, récupérer un peu, se changer... Doté de 150 lits, ce centre d'hébergement d'urgence a d'abord été géré par des bénévoles de l’association Diakité et par les salarié.e.s d’Atherbea. Puis en 2021, la mairie et la CAPB ont repris la main sur la gestion du centre. Suite à une commande presse où il fallait aller vite, Guillaume Fauveau y a passé trois semaines, sur son temps personnel. Pour saisir les moments de vie, découvrir des identités et parcours, coupés à angle droit par la nécessité de fuir. Trajectoires de réfugiés politiques pour la plupart, économiques pour une poignée d'entre eux... L'un était professeur, l'autre mécanicien... À des milliers de kilomètres de chez eux, ils ne sont plus que des migrants.

Une influence cinématographique

La salle des portraits révèle des personnalités fortes du Pays basque - Lorentxa Beyrie, ancienne militante d'ETA libérée après vingt ans de prison et avoir accompli la totalité de sa peine, Irene, auteure et militante féministe, Lilou Etcheverria, président de la Fédération française de pelote basque, Thierry Malandain, longtemps directeur du Malandain Ballet Biarritz, le batteur Félix Buff, la musicienne et chanteuse Lolita Delmonteil... Des portraits à l'esthétique chiadée, la mise en scène travaillée. Cette salle en jouxte une autre, intitulée L'heure bleue. Les prises de vue, au Mexique, dans le Nevada ou à Tarnos, ont un point commun : "elles ont été réalisées avant le coucher du soleil, et au moment où les lumières de la ville s'éclairent, car j'aime beaucoup cet instant, exprime le photographe. Nous avons consacré une salle à ces photos sur les conseils d'Amandine*, la responsable du Didam, qui trouve une forme d'esthétique picturale à mon travail, à la façon du peintre américain Édouard Hopper." Ces photos pourraient être extraites de films américains, c'est vrai. Plans larges de rues et stations service, repérées lors d'errance, mis en boîte à la bonne heure. L'auteur précise qu'il apprécie le cinéma des frères Cohen, celui de David Lynch, Wim Wenders et Aki Kaurismäki.

Une pause esthétique donc avant d'accéder à la dernière salle, pour plonger dans une autre forme de réalité : la lutte pour plus de justice, le contre pouvoir de la rue, les manifestations... À bien y regarder, ces photo-reportages, aussi, comportent leur part d'onirisme.

*Amandine Chaput

> Lire aussi le portrait de Guillaume Fauveau

Plus d'infos > Didam

Didam, 6 quai de Lesseps, Bayonne. Ouvert du mardi au dimanche de 13h à 18h30